La raison de cet engagement combattant est un appel d’Ahmadou Madyu, son maître, victime d’une double provocation. Dès le départ, les colonisateurs ont identifiés l’Islam comme une religion du refus et donc comme obstacle à leur projet colonial de domination et d’aliénation. Dès lors, l’éradication de tous les foyers islamiques était l’objectif stratégique majeur de la colonie. C’est donc dans ce cadre qu’ils ont identifié Wuro Mahdiyou comme foyer musulman subversif dont le fondateur a déjà eu maille à pâtir avec les français.

Ils envoyèrent une première mission pour détruire Wuru Madyu, le 28 juin 1869. Elle était conduite par le capitaine de frégate Vallon. Wuro Mahdiyou incendié fut reconstruit et demeura le même foyer musulman très actif. Les français décidèrent l’envoi d’une seconde mission de destruction en 1871. Cette fois elle était conduite par Lam Toro Samba Oumou Hané, chef de la province du Toro, fidèle allié dès français. Wuro Mahdiyou fut de nouveau saccagé et il y eut même tentation de profanation du tombeau de Mahdiyou.

C’est dans la préparation de la riposte à la provocation de Lam Toro qu’Ahmadou Madyu fit appel à Ahmadou NDack. Il vida Thiénaba Kajoor de tous ses habitants, élèves, parents et voisins et partit en exil auprès d’Ahmadou Madyu. Il a été de tous les combats contre les français ou leurs alliés ceddo entre 1871 et 1875.

BataillesAnnéesAdversaires des Madyankés
NDiakiw1871Lam Toro
Agname1871Lam Toro
Pété1873Bour Pété
Bélel1874Lat-Dior et Alboury
Coki1874Lat-Dior et Alboury
Sakh1874Demba War
Thiowane1874Lat-Dior et Alboury
Samba Sadio1875Français, Lat-Dior, Alboury, Bour Pété

Source S. Dia

Champ de bataille de Samba Sadio

Le caractère exceptionnel de Samba Saajo est lié au fait que c’est un moment de transmission d’héritage en deux étapes : une transmission ésotérique qui eut lieu la veille de Samba Saajo à la faveur d’un aparté entre Amary NDaak et Sheexu. Ils se faisaient face, assis à terre genoux contre genoux. Le maître parlait, le disciple écoutait des secrets écrits nulle part, mais transmis de bouche à oreille, de cœur à cœur dans les ultimes moments de vie magistrale. Quant à la transmission profane devant témoins, elle eut lieu à l’aube de Sanba Saajo.

Amary NDack, était donc un élément clé dans le dispositif du Jihad, de par sa cohérence et son rôle stratégique d’Imam. C’est pourquoi à la disparition d’Ahmadou après Samba Saajo, il fut son principal héritier et devint dès lors un guide religieux accompli. Au-delà des péripéties militaires, le jihad d’Amary NDaak est un espace-temps de révélation de ses qualités et de ses attributs. Certaines étapes ont révélé ses qualités exceptionnelles. Le départ et la route vers le jihad témoignent de l’élégance et l’esprit de sacrifice d’Amary NDaak. La rencontre avec Cheikhou Ahmadou a révélé son sens de la courtoisie due au maître (worma). La bataille de Njakiiw est le révélateur de son érudition. Celle de Saqq le révélateur de sa bravoure. Coowaan a révélé son appartenance au cercle des glaives d’Allah. Samba Saajo son statut de dépositaire de l’héritage madyanké.

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