Education, travail et dévotion

La pratique religieuse est définie de façon imagée par Amary Ndack comme le contenu d’une marmite à trois pieds. Chaque pied est indispensable à l’équilibre de la marmite. Les trois pieds sont, la connaissance, le travail et la dévotion ou « Alluwa, Alleba, Allahou Akbar ».

L’acquisition du savoir est le fondement de tout le reste, dévotion comme travail. Sans connaissances, les actes de dévotion relèvent ou risquent de relever de l’obscurantisme. D’où cette injonction divine, « connaissez-moi avant de m’adorer, si vous ne me connaissez, comment m’adorer ». Sans connaissance, sans expertise, enseignait-il, le travail relève de l’amateurisme. Il devient une agitation dévoreuse d’énergie mais ni efficace, ni efficiente.

Amary NDack enseigne que le travail a ceci de capital qu’il est le soutien sine qua non pour réaliser en toute pureté les autres obligations, dévotions comme éducation. L’érudit qui ne travaille pas, dit-il « confie son ventre à autrui ». Il poursuit, enseignant que même si on est né dans l’or, cela ne dispense pas du travail, car le travail est une contrepartie pour ne pas vivre en parasite de Dieu.

C’est pourquoi, la vraie justification du mot wolof « tool » champ, par extension lieu de travail et travail, est celle-ci : instrument pour mesurer son rapport à Dieu. Tool   =

« fumatollu Yalla ».

Amary Ndack enseigne aussi que le travail est un garant d’autonomie par rapport au pouvoir, par rapport à tout pouvoir.Tout musulman, tout citoyen donc qui ne vit pas de son travail mais en parasite du pouvoir, met sa foi en péril. Car dit-il « buur du maye, day keptel », « le pouvoir ne donne pas des cadeaux, il tend des pièges ».

Cet enseignement séculaire d’Amary NDack est la susbtance d’une thèse de Doctorat soutenue en 1986 à Umal Khura par Saffar al Hawali sous la direction de Mouhamed Khoutb. Le titre de la thèse est « le phénomène de l’Irja dans la pensée islamique ». Voici sa principale conclusion : tout Uléma, tout musulman qui soutient un pouvoir en se fondant sur des critères autres que la conformité de ce pouvoir avec les principes islamiques, entre dans le cadre de l’Irja et devient murjia. Murjia peut se traduire par marabout courtisan.

Ainsi donc, l’autonomie par le travail est le seul moyen de garder une distance grâce à laquelle le pouvoir est soumis en permanence à la critique selon les principes islamiques.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here